Combien de fois ai-je pu, en coulisses le plus souvent, évoquer mon ressenti vis-à-vis des exploits du football camerounais?
S’il est vrai que le football se joue à onze contre onze et que les victoires ou succès s’obtiennent en équipe, un joueur se dégage toujours, gagnant ainsi les faveurs particulières du public. Oui, il s’agit d’un sport collectif dans lequel, malgré tous les hypocrites déclarations telles que « l’important c’est la performance du groupe » ou « l’intérêt collectif passe avant mon cas personnel », chacun souhaite être reconnu pour ce qu’il est (voire ce qu’il aimerait être!).
Certes, les héros sont nombreux et on ne peut omettre de citer chez les illustres Lions indomptables du Cameroun les Nkono, Manga Onguéné, Abéga etc. Parmi les détenteurs du Ballon d’or africain ou possesseurs du titre de Meilleur joueur africain, je me permets néanmoins de sortir du lot deux individus: Samuel Eto’o et Roger Milla sont à mes yeux et sans démagogie aucune les deux plus grands ambassadeurs du continent tout entier. Cela se vérifie à l’échelon mondial… Le plus jeune est de loin le plus titré et je m’aventure à avouer qu’il est le meilleur joueur africain de tous les temps. Tant pis pour les Weah, Pelé ou Madjer que je me risque à froisser en avouant cela… C’est mon avis et je n’en démordrai guère. Quant au grand frère, le « Vieux Lion », reconnu à juste titre joueur du XXè siècle, il restera à jamais le joueur le plus important de l’histoire du football africain.
Outre le chauvinisme qu’évoqueront certains lecteurs, je tiens à rassurer sur la distance et la mesure que j’ai cherché à prendre avant de publier ses lignes. Mon propos du jour revient à rendre à César ce qui lui appartient. Et en ce sens, chapeau bas Roger! Tu as décoincé notre football et nous as permis de devenir des Adebayor, Song, Okocha, Essien ou autre Drogba; des athlètes totalement décomplexés et à même de se hisser dans le Gotha du football mondial. Lors des Coupes du monde de 1982 et 1990, tu as été le grand protagoniste des succès de la Nation et tu nous as gratifié d’un dernier but (une dernière leçon dirais-je) en 1994, soit ta révérence tirée dans cette compétition phare, à un âge record. Il me faudrait écrire un livre pour réellement faire ressentir la profondeur de tes actes. La grande richesse, le bel héritage que tu nous as laissés méritent une reconnaissance éternelle.
Je n’ai pas toujours pu mesurer la chance incommensurable que la vie m’a donné; un beau dimanche matin, à la fin des années 70, j’ouvrais les yeux et pour la première fois rencontrais un footballeur professionnel. C’était toi, dans ma chambre, à mon réveil! Tu avais joué la veille un match de championnat, à Tours, et avais accepté l’invitation de mes parents, tes amis. Voir un pro à Bondy, dans une modeste H.L.M, c’était pour moi un rêve inaccessible. Le destin nous a ensuite un peu plus rapproché et tu m’as même honoré de ta présence lorsque je te sollicitais, comme à mon mariage.
Une chose jamais avouée publiquement : timide à mon arrivée chez les Lions, je n’avais osé endossé le « 9 », tu avais élévé la barre à un niveau tel que je ne voulais risquer d’essuyer la comparaison!
S’il n’est jamais trop tard pour exprimer ses sentiments, je le fais ici. Merci et…respect! You’re the best.