« Amateurisme », oui mais jusqu’à quand?

F. Mbango, la super-championne camerounaise

J’ai rencontré un gars, un compatriote camerounais qui me disait il y a quelques années:  »le sous-développement c’est dans la tête ». Tout juste, pensais-je dans mon for intérieur. Aujourd’hui, inspiré par les efforts consentis par les athlètes défendant les couleurs de leurs nations à Londres 2012, j’aimerais (lui) rétorquer que « le professionnalisme -en sport notamment- c’est dans la tête ». On est tous à suivre de près ou de loin l’événement planétaire que sont les J.O. De là me sont venues ou revenues à la tête plusieurs réflexions…

 En football, les Lionnes ont été éliminées après trois défaites. Je resterai positif en retenant que les résultats sur le papier se sont améliorés de match en match et Onguene (homonyme de Jean Manga, illustre footballeur et Ballon d’or africain, s’il vous plaît!) a clôturé cette aventure par un but qui comme on dit souvent  »sauve l’honneur »… Mais le bat blesse  lorsqu’on se rappelle que sa partenaire gardienne a déserté les rangs camerounais à l’issue du deuxième match  pour, certainement, rechercher une vie meilleure…

 Et on relance alors le débat du traitement des sportifs, ce qui me fait dire:  »arrêtons de parler de manque de moyens financiers! »

La judoka française Gévrise Émane -née à Yaoundé il y a 30 ans- domine la catégorie des -63kg (médaillée de bronze dans cette édition des Jeux) et ne roule pas pour autant en Ferrari; quelque chose me dit qu’elle a certainement un cœur de lionne!… Que dire de Mbango, la double championne olympique de triple-saut (2004 et 2008)  qui, face au manque de considération de ses dirigeants, s’en est allée défendre les couleurs de la France!?

 Non, le sport camerounais et notamment sa locomotive football n’avancent pas intelligemment. Les résultats sont l’affaire de tous bien que ce soit à l’athlète de concrétiser les efforts collectifs: des média qui se doivent de couvrir les faits avec plus d’objectivité (pour ne pas en dire plus); en passant par les consultants dont l’expérience n’est que sous-exploitée; des dirigeants qui se doivent, à défaut de nous l’annoncer, de s’ atteler à mettre en place une politique rationnelle et pérenne; des spectateurs à qui il faudrait expliquer que la présence et les encouragements lors des manifestations est indispensable à la performance; aux opérateurs économiques qui oublient que sponsoring et partenariat peuvent aussi être échangés directement avec les protagonistes etc.

 Je reste intimement persuadé que nombre de mesures incitatives pourraient motiver l’ensemble du mouvement sportif. 

Il n’y a qu’à guider le tout. Et l’émulation ne doit pas provenir d’un seul gouvernement dont les concitoyens espèrent et se délutent encore et encore….

Aller (re)chercher des titres et de la consécration demande autre chose que des démonstrations d’opulence et rappels à un passé glorieux. 

L’olympisme qui est à l’honneur ces jours-ci doit nous rappeler que des valeurs d’humilité, de considération d’autrui ou de don de soi doivent s’associer à la compétence et à l’organisation pour espérer donner demain le sourire à ceux qui se battent ou aimeraient pouvoir être réellement compétitifs et…ceux qui les soutiennent et croient en eux, le public.

 Qui veut aller loin doit savoir ménager sa monture…

 

À propos de Patrick Mboma

Je ne suis ni écrivain ni journaliste mais veut profiter de cet outil pour partager ma vision sur le football. Mes titres et la reconnaissance qui m'ont été attribués lors de ma carrière de footballeur sont là pour me mettre en confiance et non une volonté de me glorifier. J'attends des blogueurs des réactions et échanges qui me feront certainement grandir. A 41 ans, on a beaucoup à partager mais encore plus à apprendre. Sportivement vôtre.
Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à « Amateurisme », oui mais jusqu’à quand?

  1. patrick dit :

    a méditer en tt cas

  2. Jean-Claude dit :

    Le sport en général,et le football en particulier ne peuvent plus être les arbustes qui masquent la canopée. Le sport Camerounais est loin d’être une réalité isolée au sein d’un système cloisonné. Il s’agit de tout un pays qui a mal à son identité,un pays qui ne retrouve plus ses repères,un pays qui s’interroge sur ce qu’il est devenu et ne trouve pour seule illusoire réponse,que le glorieux,mais très lointain passé dans lequel il ne s’est prélassé que très longtemps prélassé. Dans un constat certes pénible et douloureux,ayons l’honnêteté de reconnaître qu’une embellie du sport camerounais ne peut être possible,sans un traitement de choc de toutes les institutions du pays. Le sport,tout comme la musique fait partie intégrante de la culture.Et la culture est la mémoire d’un peuple,Comme le disait le très éloquent philosophe camerounais,Jean-Baptiste OBAMA,de regrettée mémoire: »Un peuple qui perd sa culture est un peuple qui a perdu ses dieux ». Notre pays est en crise,nos institutions sont en décrépitude,la conscience collective est aux orties,et le patriotisme devient, jour après jour,un mot qui n’a plus de valeur qu’une bouchée de pain. Commençons par amorcer la réflexion sur la crise des valeurs,et la perte des repères dans notre pays,et je pense que nous trouverons le moyen d’arrêter la descente de notre sport chez « CHIRON ».

    • Patrick Mboma dit :

      Je suis d’accord avec cette vision des choses. Nombre d’aspects minent l’evolution du pays dans quasiment tous les secteurs. Je suis un sportif en general et footballeur en particulier. Tourisme, agriculture ou logement ne sont pas mes « specialites ». J’insiste sur le fait que j’aime votre lecture de la situation.

  3. gus dit :

    Patrick
    Ton analyse est conforme à la réalité camerounaise, et tes souhaits sont ceux du peuple camerounais, et de ceux qui ont vibré à travers le monde aux exploits des combatifs et attachants sportifs camerounais.
    Tu remarqueras que le point commun de tous nos lauriers est une détermination extrême à la victoire malgré l’adversité, car contrairement à nos adversaires, nous ne sommes jamais arrivés SANS INCIDENTS à une compétition internationale.
    Seulement, la machine pourvoyeuse de génie s’est enrayée faute d’infrastructures minimales, comme au bon vieux temps, pour permettre l’éclosion d’un talent ou d’une génération spontanée.
    Le sportif camerounais n’attend plus rien de l’Etat et de ses « Etats généraux du sport »…Aujourd’hui, c’est juste le petit terrain de proximité, conforme à sa discipline, qu’il prie de voir un jour à la place du terrain vague et honteux sur lequel il s’entraine. Il sait qu’avec cette nouvelle surface, il pourra améliorer ses performances. Son talent inné et son abnégation feront le reste, pour le bonheur du Cameroun, ou de la nation qui lui ouvrira les portes.
    Mais si les pouvoirs publics se montrent incapables d’offrir le minimum, c’est qu’ils sont à court d’idée et peu enclins à investir dans un domaine qui ne leur semble pas prioritaire .Reste à savoir si les autres forces vives du Cameroun en général, et les figures emblématiques du sport camerounais en particulier, eux-mêmes conscients de la situation catastrophique, sont capables de se mobiliser pour une action exceptionnelle en faveur du sport.
    Et c’est là le grand malheur du sport camerounais, car à ma connaissance nos meilleurs ambassadeurs, avec leur renommée, leurs relations, leur argent, leur expérience, n’ont jamais pris l’initiative de « sauver le sport camerounais ». On ne voit que des actions ordinaires bien que louables, pour les plus altruistes comme la création d’un club ou d’une académie, des dons de matériels, ou des parrainages.
    Alors à quand un grand projet initié, suivi et réalisé exclusivement par la crème du sport camerounais ? Je pense qu’à ce moment l’Etat se verrait obligé de suivre…ou de financer.

    • Patrick Mboma dit :

      Bien dit.
      Toutefois, vu le peu de fraternité et de solidarité qui existe entre nos sportifs, ne convient-il pas au public de réclamer l’action des anciens?
      Les dirigeants actuels profitent de l’inaction du peuple couplée à l’inertie des « champions ».
      Malheureusement, seule la victoire du terrain intéresse tout le monde. Quid de la construction de ces victoires?

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l'aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion / Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l'aide de votre compte Twitter. Déconnexion / Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l'aide de votre compte Facebook. Déconnexion / Changer )

Photo Google+

Vous commentez à l'aide de votre compte Google+. Déconnexion / Changer )

Connexion à %s